Courrier à l’attention de Monsieur le Député Cyrille Isaac-Sibille, député de la 12e circonscription du Rhône

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Monsieur le Député,

Nous revenons vers vous suite à notre tour à vélo du 11 juin dernier entre Oullins et Tassin-la-Demi-Lune.

Nous tenions à vous remercier à nouveau de votre disponibilité et des échanges constructifs que nous avons eus ce jour-là concernant la pratique du vélo utilitaire dans la métropole de Lyon et, plus précisément, la nécessité et l’enjeu de fédérer les différentes parties prenantes, comme notamment les Maires de votre circonscription, autour du projet de Réseau Express Vélo.

Nous avons évoqué quelques points-clés ensemble qu’il nous semble bon de rappeler ici et de mettre en perspective.

Pourquoi favoriser la pratique du vélo ?

Favoriser les déplacements quotidiens à vélo ou à pied, contribue à lutter contre la sédentarité.

76 % des résidents de Val d’Yzeron et 73 % de Lônes et Coteaux du Rhône marchaient moins de 10 min par jour en 2015 (source : Pratiques de déplacements sur les bassins de vie du Scot de l’agglomération lyonnaise – Enquête Déplacements 2015, page 10). Pourtant, 57 % des déplacements sur le territoire de la métropole de Lyon font moins de 3 km, une distance aisément réalisable en vélo, à condition de se sentir en sécurité et de ne pas avoir peur de se faire voler son vélo, ce qui sont les deux principaux freins à la pratique du vélo (source : Enquête Déplacements 2015 – Résultats sur le SCOT de l’agglomération lyonnaise, page 2).

Le vélo participe à la lutte contre les inégalités entre les Français. 

Le vélo est un mode de transport peu coûteux et plus rapide que tous les autres modes pour les déplacements à l’échelle de la métropole. La pratique du vélo permettra de sortir de l’isolement 23,9 % des ménages d’Oullins sans voiture, 13,4 % à Sainte-Foy, 8,8 % à Irigny et 15,1 % à Tassin-la-Demi-Lune en leur donnant accès à un emploi, des loisirs, etc (source : INSEE 2017 à Oullins, Sainte-Foy, Irigny, Tassin-la-demi-lune).

Le vélo contribue à rendre la main-d’œuvre active et mobile, ce qui bénéficie à nos entreprises.

En milieu urbain très dense, chaque kilomètre en voiture coûte 36,5 c€ en congestion. Ainsi, parcourir 15 km par jour en voiture coûte 5,4 € en temps perdu cumulé pour tous les autres usagers (source : Les usagers de la route paient-ils le juste prix de leurs circulations ?, Direction Générale du Trésor, avril 2021, page 5 pour les communes avec une densité moyenne de 6 750 hab/km²).

Le secteur du vélo contribue à la croissance économique.

Hors externalités santé, l’économie du vélo pèserait 43,5 Mds€ en 2030 avec 9 % de part modale contre 22,5 Mds€ aujourd’hui (source : Impact économique et potentiel de développement des usages du vélo en France en 2020, ADEME, Synthèse page 12)

Le vélo est bon pour la planète et la qualité de l’air.

En terme de CO2, parcourir 15 km par jour en voiture représente un total de 1,09 tCO2 / an (source : Empreinte au km thermique proposé par l’ADEME dans son calculateur NosGestesClimats). En terme de qualité de l’air, les transports contribuent en AuRA à hauteur de 12% des émissions de PM 10 et de PM 2.5, et de 61% des émissions d’oxydes d’azote (NOx). De plus, en cas de forte chaleur, ces NOx et les composés organiques volatiles non méthaniques (COVNM) contribuent à la formation d’ozone, polluant encore en augmentation dans la région (source : Atmo Auvergne Rhône Alpes, Bilan 2020 de la qualité de l’air, page 9).
Plus généralement, le cycle de vie d’un vélo représente un impact sur la planète bien inférieur à celui d’une voiture.

Créer des infrastructures cyclables permet de libérer de l’espace public pour en faire un lieu de vie.

La voiture occupe plus de 60 % de l’espace public de la métropole de Lyon, qu’elle soit en circulation ou en stationnement, alors qu’elle représente 44 % des trajets (source : Plan de déplacements urbains – Agglomération Lyonnaise – 2017/2030, Sytral page 31). Une voiture transporte en moyenne 1,33 personne et occupe 12 à 20 m² : le trafic automobile semble alors dense, alors que ce mode de transport n’est tout simplement pas efficace ! À largeur égale (3.5m), une piste cyclable peut faire passer 7 fois plus de personnes qu’une voie automobile. 

Comment favoriser la pratique du vélo ? 

Nous croyons que favoriser la pratique du vélo requiert de la part des élus :

  • une politique engagée pour intégrer le vélo dans l’ensemble des politiques publiques et en favoriser la pratique (voirie mais aussi fiscalité, police, etc.) ;
  • des infrastructures de qualité pour garantir la sécurité des cyclistes (voirie) et lutter contre le vélo de vols (stationnement sécurisé) ;
  • une communication qui promeut les avantages individuels et collectifs de la pratique du vélo ;
  • une éducation au savoir-rouler dès l’école primaire ;
  • un soutien à l’économie du vélo pour développer une offre de produits et services à destination des particuliers, du secteur du transport, des entreprises et des collectivités.

De l’intérêt du Réseau Express Vélo

Entre 2019 et 2020, la pratique du vélo a augmenté de 30 % dans la métropole de Lyon (hors période de confinement). Cela vient confirmer la hausse annuelle continue de plus de 10% depuis une décennie, mesurée par les compteurs de la Métropole de Lyon. Les infrastructures sont un préalable à ce changement : l’essor du vélo dans le centre de Lyon mais aussi dans des villes comme Londres ou Paris en est le témoin.

Le projet de Réseau Express Vélo porté par la Métropole de Lyon sera déterminant pour convaincre les plus hésitants, parce que moins expérimentés ou plus fragiles, à enfourcher leur bicyclette et changer leur habitudes. Il répond à la fois à un besoin de mobilité locale, par exemple traverser Oullins ou Tassin-la-Demi-Lune de façon sécurisée, et à des besoins de déplacement à l’échelle de la métropole. Ce réseau contribuera à désengorger les voiries actuelles, saturées de voitures, à la fois pour des trajets Lyon-banlieue et pour les liaisons entre communes de 1ère et 2ème couronne. 

Nous espérons que le trajet que nous avons fait ensemble vous a montré le potentiel du Réseau Express Vélo sur votre circonscription et l’intérêt de sécuriser les trajets à vélo sur les axes principaux et les plus directs. Il s’agissait de montrer par l’exemple que l’on peut faire une longue distance à vélo pour se rendre à son travail, accompagner ses enfants ou faire ses courses. Il s’agissait également de vous faire comprendre le sentiment d’insécurité que l’on peut ressentir en vélo sur le territoire de votre circonscription, là où la voirie est partagée avec les automobilistes. 

Ces infrastructures sont attendues non seulement par les usagers, que la Ville à Vélo représente, mais aussi par les entreprises de l’ouest lyonnais qui développent d’ambitieux plans de mobilité particulièrement favorables au vélo (Exemple : le PMIE entre Sanofi Pasteur, bioMérieux, VetAgro Sup, l’intefp et Ramsay Générale de Santé).

Différentes communes de votre circonscription montrent des réticences au passage d’une ligne du réseau express vélo sur leur territoire, malgré l’attractivité que pourrait représenter cet aménagement pour leur commune et les importants objectifs environnementaux qui, tôt ou tard, les rattraperont de manière directement contraignante. Pour rappel, une décision du Conseil d’Etat, attendue fin juin, va probablement enjoindre, à nouveau, au Premier Ministre de « prendre toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » de la France, dans un délai de neuf mois. En cas d’injonction, les actions seront déclinées sur l’ensemble du territoire et notamment dans les communes de l’ouest lyonnais (voir l’article du Monde du 11 juin 2021).

Enfin, lors de notre discussion, nous nous sommes rejoints sur le fait qu’il ne s’agit pas d’opposer les personnes. En revanche, il faut bien opposer les modes de déplacement. Développer l’usage de modes de transport durables, et notamment du vélo, impose de réduire la place dédiée à la voiture et doit être un objectif en soi. Ne pas le reconnaître serait passer à côté du débat et des enjeux sur la mobilité. 

En conclusion, nous comptons sur votre contribution pour encourager la prise de conscience de l’importance de développer l’usage du vélo au sein de votre circonscription, à travers notamment le projet de Réseau Express Vélo.

Nous vous remercions encore de votre attention et vous prions de recevoir, Monsieur le Député, nos salutations distinguées. 

Carole Nicolas, Tassin à Vélo

Frédérique Bienvenüe, co-présidente de La Ville à Vélo

Nicolas Frasie, co-président de La Ville à Vélo

POUR ALLER PLUS LOIN

Les chiffres des mobilités sur le territoire de la métropole de Lyon

Suivre les chiffres en open-data du trafic vélo mesurés par des compteurs

Une mobilité durable renforce l’attractivité des villes

Voir l’entretien de Sonia Lavadinho au Monde, 09/09/2020

La pratique du vélo est bonne pour la planète et est au cœur du développement d’un transport durable

La promotion du vélo permet de répondre à l’un des 17 objectifs de développement durable définis par les Nations Unies et contribue à l’implémentation du “Pan-European Masterplan on Cycling Promotion 21”.

Au niveau européen, la pratique du vélo fait partie du Pacte vert pour l’Europe, de la “Strategy for Sustainable and Smart Mobility » et de la « Urban Mobility Strategy “.

La France, à travers sa Stratégie Nationale bas-carbone, vise un passage de 3 % à 12 % de part modale du vélo dès 2030 et à 15 % en 2050.

Au niveau de la Métropole de Lyon, une concertation a eu lieu ces dernières semaines pour la révision du Plan de Protection de l’Atmosphère et la pratique du vélo va très certainement prendre un tournant dans la prochaine version de ce plan.

Le Réseau Express Vélo, ce sont :

  • des voies sécurisées, réservées aux cyclistes et séparées physiquement du reste de la route, des trottoirs et des voies de bus ou de tram,
  • des voies larges de 3 à 4 mètres pour se croiser en toute tranquillité même avec un vélo cargo,
  • du mobilier urbain adapté le long des tracés : repose-pied aux carrefours, fontaines, stations de gonflage, arceaux de stationnement,
  • des itinéraires continus, prioritaires aux intersections, les plus directs possibles, avec une signalétique bien visible,
  • le plus de végétation possible pour apporter de l’ombre et de la fraîcheur en été.

Chez nos voisins européens :

https://www.cyclable.com/blog/2017/11/15/lessor-des-autoroutes-pour-velo/