Monsieur le Vice-Président,
Nous avons constaté un important effort de la Métropole de Lyon pour développer rapidement de nombreux aménagements cyclables en faisant parfois usage du principe de l’urbanisme tactique. Toutefois ces aménagements ne concernent que dans de rares cas la traversée de carrefours, alors qu’ils constituent des points noirs souvent difficiles à contourner pour les cyclistes. C’est pourquoi nous souhaitons vous exposer deux nouvelles possibilités d’aménagements dont nos adhérent·es nous ont spontanément fait part, destinés à permettre des mouvements aujourd’hui interdits aux cyclistes dans des carrefours à fort potentiel pour le trafic vélo.
Le premier concerne le secteur de la gare Perrache. S’il sera possible de le traverser rapidement dans le sens Nord-Sud dès le printemps prochain via la voûte Ouest et le projet Ouvrons Perrache, il reste toujours compliqué de le traverser dans le sens Ouest-Est pour relier directement la Saône et le Rhône. Le cycliste est en effet contraint de faire un détour conséquent par le nord de la place Carnot via un cheminement complexe et plusieurs carrefours dangereux. Déjà très utilisé par nos adhérent·es, ce secteur est susceptible d’accueillir un trafic vélo en forte croissance via l’aménagement prochain des axes qui y convergent. A l’Ouest, après l’aménagement récent du quai Fulchiron, il s’agit du quai Jean-Jacques Rousseau pour relier La Mulatière et Oullins ainsi que de la montée de Choulans pour relier le plateau du 5ème arrondissement et par extension les communes de l’Ouest lyonnais. A l’Est, il s’agit du quai Claude Bernard et de l’avenue Berthelot. Ainsi, faute d’autres alternatives pour traverser la Presqu’île en dehors des ponts Bonaparte et de la Guillotière via Bellecour, ce secteur pourrait rapidement devenir problématique.
Nous souhaitons donc vous proposer de profiter des travaux en cours sur la trémie n°6 de l’échangeur de Perrache pour anticiper cette future hausse de trafic et y aménager une piste cyclable bidirectionnelle. Cela consisterait à ne pas rouvrir l’accès automobile à cette trémie, dont la fermeture s’est tenue il y a maintenant plusieurs mois. Le fait de la maintenir désormais fermée au trafic automobile n’aura donc pas plus d’impact qu’aujourd’hui, et les itinéraires de substitution mis en place suite à sa fermeture via les ponts Pasteur et de la Guillotière deviendraient alors pérennes.
Le fait de réserver la trémie n°6 aux seuls vélos permettrait donc de créer une liaison bidirectionnelle Ouest-Est directe entre la Saône et le Rhône dans la continuité des futurs aménagements mentionnés précédemment. Pour sécuriser le cheminement aux deux extrémités de la trémie qui sont des carrefours à fort trafic potentiellement dangereux, nous proposons de combiner plusieurs outils de l’urbanisme tactique (voies bus-vélo, séparateurs physiques) selon les deux schémas ci-dessous. Cela permettrait de minimiser les conflits avec les voitures s’insérant dans le secteur, tout en y maintenant presque la totalité des possibilités de déplacements automobiles actuels.
L’ensemble des propositions synthétisées sur les schémas en annexe à ce courrier peuvent être réalisées en urbanisme tactique dès la réouverture de la trémie n°6 en très peu de temps et avec peu de moyens à mobiliser. La vigilance devra se concentrer sur le type de séparateurs choisi (symbolisés par les pointillés rouges). Plus ils seront robustes, plus l’aspect sécurisant de cet aménagement tactique attirera de public. En fonction du trafic vélo qui y sera constaté après son déploiement, l’urbanisme tactique aura pour avantage de pouvoir revenir rapidement à la solution routière précédente, ou bien de le pérenniser en engageant des moyens plus conséquents pour le rendre plus confortable et accessible à toutes et tous.
Le second aménagement que nous souhaitions proposer concerne le pont Clémenceau. Sur la rive droite de la Saône, un aménagement relie Quincieux à Lyon. Un des points noir de cet axe est la traversée Nord-Sud du pont Clémenceau qui n’est pas sécurisé pour les cyclistes sur le tronçon Clémenceau-Koenig.
Pour la direction Sud le cheminement est particulièrement complexe, long, au milieu du trafic automobile. Ainsi les cyclistes ont l’obligation de changer deux fois de côté de chaussée, après la traversée de Marietton et, au niveau du pont Koenig de cohabiter par moment avec le trafic sans aménagement, gérer un carrefour anxiogène place du pont Mouton, le tout avec 4 feux.
Pour la direction Nord le cheminement des cyclistes comprend un carrefour particulièrement dangereux situé place du pont Mouton où les cyclistes qui font un mouvement tout droit pour atteindre la voie bus + vélo tandis que le trafic motorisé fait un mouvement vers la droite pour accéder au pont Clémenceau, le tout avec 3 feux.
Nous souhaitons donc vous proposer d’aménager les berges de Saône rive droite en piste cyclable depuis la rue de la Corderie au Nord jusqu’au pont Koenig au Sud pour permettre la traversée du pont Clémenceau en toute sécurité et efficacité.
Nous vous remercions par avance pour la bonne prise en compte de ces propositions d’aménagement par vos services. Nous sommes à votre disposition pour vous les exposer plus en détails, ainsi que pour organiser une visite sur place.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.
Thibaut Chardey et Luc Alajouanine pour La Ville à Vélo
Annexe : Schéma détaillé de l’aménagement cyclable proposé sur l’échangeur de Perrache
Côté Saône
Côté Rhône
Annexe : Schéma détaillé de l’aménagement cyclable proposé pour le pont Clémenceau
En vert le parcours proposé, en jaune l’existant direction Sud
Points noirs direction Sud:
Traversé du pont Clémenceau et changement de côté de chaussée
Carrefour difficile pont Mouton
Points noirs direction Nord:
Cisaillement voitures-vélos pont Mouton
Berge de Saône rive droite