
Contexte
En 2020, avant les élections municipales, La Ville à Vélo avait interrogé les candidats de Tassin-la-Demi-Lune sur leurs propositions en faveur du vélo.
M. Pascal Charmot, maire actuel, avait pris 19 engagements sur nos 26 propositions, contre 22 pour son concurrent M. Julien Ranc.
Cinq ans plus tard, à l’approche de la fin du mandat, quel bilan tirer de ces promesses ?
Résultats :
- 1 engagement réalisé (5,2 %)
- 6 en partie réalisés (31,5 %)
- 12 non réalisés (63,1 %)

Le constat est sans appel : la politique cyclable de la municipalité reste quasi inexistante.
Quelques actions à saluer
Certaines actions de la mairie de Tassin sont à saluer. La ville a mis en œuvre quelques mesures ponctuelles :
- Comité vélo : installé en début de mandat, il s’est réuni régulièrement (même si son rôle est resté limité à une information descendante).
- Stationnement sécurisé : création d’un local près du gymnase des Genetières.
- Formation aux adultes : une session annuelle de remise en selle théorique et pratique.
- Mobilisation dans les écoles : participation au Défi mobilité organisé en 2023, 2024 et 2025 à l’initiative des parents d’élèves des écoles Prévert, Leclerc et Berlier Vincent et avec l’aide des associations (La ville à vélo, A vélo sans âge, Cycloteam 69, les bénévoles de l’atelier d’auto-réparation vélo de Tassin) : aide de la ville à la sécurisation du vélobus par la mobilisation de la police municipale et de la gendarmerie, stationnements temporaires, prêt de chasubles.
- Semaine sur la sécurité routière : organisation d’une semaine sur la sécurité routière chaque année avec une matinée sécurité routière pour les enfants, lors de laquelle il était possible de venir à vélo.
Ces initiatives montrent qu’il existe une volonté de faire quelque chose. Mais elles restent très marginales au regard des besoins.
Des engagements non tenus sur les sujets structurants
1. Un réseau cyclable embryonnaire
Malgré ses engagements, la mairie n’a pas contribué à développer un réseau cohérent :
- Opposition au tracé de la Voie Lyonnaise 5 (VL5),
- Blocages sur la VL8 (refus d’adoption des arrêtés d’interdiction de stationnement pendant les travaux sur l’avenue Vincent Serre),
- Blocages sur l’avenue de la République (obstruction à la pérennisation des voies mixtes vélo/bus),
- Projet de zone de rencontre sur l’avenue du 8 mai 1845 avorté (très mal conçu pour les cyclistes et ne respectant pas la loi Laure).
Résultat : seules ont été aménagées l’avenue Victor Hugo – et encore, dans le cadre du mandat précédent – et la place Vauboin.
Les cyclistes tassilunois doivent donc composer avec des discontinuités permanentes et des aménagements inexistants ou dangereux (voir notre article sur le Baromètre Vélo).
2. Sécurité routière : peu d’actions
- Plan de circulation : aucun travail global sur l’apaisement de la circulation, malgré les enjeux.
- Zones 30 : uniquement deux nouvelles rues passées en zone 30 (chemin de la Raude et chemin de l’Aïgas).
- Double-sens cyclables : aucune mise en conformité des zones 30 à sens unique, alors qu’il s’agit d’une obligation réglementaire.
- Ecoles : aucune restriction ou suppression de la circulation devant les écoles aux heures d’entrée et de sortie des classes.
- Angles morts et poids lourds : aucune initiative locale, tout est renvoyé à l’État.
La promesse d’une ville apaisée n’a jamais été tenue.
3. Stationnement vélo : l’absence de stratégie
La ville à vélo avait transmis à la ville un important travail de recensement des besoins en stationnement mais ceux-ci n’ont été que très partiellement pris en compte :
- Un local sécurisé a été créé près du gymnase des Genetières. Cependant, il reste sous-utilisé faute de communication.
- Quelques arceaux ont été installés (notamment devant l’Atrium et la maison des familles).
- Mise en œuvre partielle de la création de zone de stationnement à proximité des passages piétons, en dépit de l’opportunité créée par l’interdiction d’aménager des emplacements de stationnement automobile 5 mètres en amont des passages piétons (mise en conformité au plus tard le 31 décembre 2026).
- L’absence de création de stationnement sécurisé dans les lieux accueillant du public nouvellement construits en violation de la loi LOM, comme pour la nouvelle crèche de la Raude.
- Absence de plan pour équiper systématiquement les commerces, équipements sportifs, écoles et gare SNCF (alors pourtant que le Baromètre vélo montre d’importants besoins de stationnement).
À l’heure où le manque de stationnement est un frein majeur à la pratique du vélo, la mairie n’a pas saisi l’enjeu.
4. Des services vélo largement absents
Au-delà des infrastructures, une politique vélo ambitieuse doit aussi reposer sur des services adaptés, pour faciliter l’usage au quotidien. M. Charmot avait refusé de s’engager sur des aides à l’achat ou encore sur des services municipaux exemplaires. Mais, même sur les engagements pris, le mandat de M. Charmot est décevant :
- Location et services partagés : aucune facilitation pour l’implantation de services de location courte et longue durée de vélos (incluant vélos pliants, vélos cargo, VAE), aucune nouvelle station Vélo’v.
- Cyclogistique : aucune stratégie pour organiser le transport et la livraison de marchandises au moyen de vélos ou d’autres types de cycles pour le dernier kilomètre, malgré les aides existantes.
En clair, les services qui pourraient rendre le vélo accessible à toutes et tous ou apaiser la ville sont restés lettre morte à Tassin.
5. Mobilité des enfants : peu d’actions
- Programme Savoir Rouler à Vélo : jamais mis en place.
- Locaux vélos dans les écoles : refus systématique malgré les demandes des parents d’élèves.
- Déplacements scolaires : seuls les vélobus organisés une journée dans l’année, en 2023, 2024 et 2025, par les parents avec l’aide des associations et de la ville lors du Défi Mobilité, ont fonctionné.
Ainsi, aucune politique structurée pour donner aux enfants l’autonomie nécessaire n’a été développée.
6. Une communication défavorable au vélo
La mairie a souvent tenu un discours hostile ou caricatural sur le vélo :
- Lettres polémiques envoyées aux habitants sur les deniers publics (par ex. sur l’avenue de la République).
- Soutien à des pétitions contre des aménagements cyclables.
- Sondages Google orientés et sans rigueur méthodologique.
- Incohérence dans les propositions : refus du projet des Voies Lyonnaises sur l’avenue de la République ou de voies mixtes bus/vélo en raison d’une prétendue fréquentation trop faible des cyclistes tout en proposant une bidirectionnelle sur cet axe.
- Utilisation d’un vocable péjoratif et hostile :
- « autoroute à vélo » pour dénigrer les Voies Lyonnaises.
- « la « vélo suffisance » ou la fausse bonne idée par excellence » (Magazine municipal, Déc. 2024), etc.
- Comptages discutables sur l’avenue de la République non cohérents avec le compteur voitures de l’avenue de la République ainsi qu’avec le compteur vélo installé à proximité rue du Bourbonnais qui montrent une progression exponentielle de la fréquentation cycliste.
Ces prises de position ont contribué à alimenter la méfiance et le rejet d’une partie de la population, au lieu de construire une culture commune autour du vélo.

L’absence d’intégration du vélo comme mode de déplacement du quotidien
Au fil du mandat, un constat s’impose : la municipalité actuellement en place ne tient pas compte du rôle du vélo dans sa politique de mobilité.
- Les blocages récurrents sur les projets métropolitains conduisent à conserver le statu quo, peut-être en considération d’un électorat perçu avant tout comme automobiliste et ne pratiquant pas le vélo réservé aux loisirs.
- L’approche réductrice des enjeux de qualité de l’air, qui ont un impact direct sur la santé des habitants de Tassin, confondu avec ceux liés au réchauffement climatique (site de la mairie, Pascal Charmot s’exprimant à propos de la ZFE sur BFM Lyon le 8 septembre 2022) a servi à justifier l’inaction (ex. opposition à la ZFE).
- La méconnaissance des solutions innovantes (cf. notamment la réponse de M. Charmot sur la thématique de la cyclologistique) empêche d’envisager le vélo comme un outil utile au quotidien.
Conclusion : un rendez-vous manqué
Avec 73 % d’engagements pris en 2020, Tassin aurait pu devenir un exemple dans l’Ouest lyonnais. Cinq ans plus tard, force est de constater que les promesses n’ont pas été tenues :
- Un seul engagement complètement réalisé.
- Des infrastructures cyclables quasi absentes.
- Une communication qui freine plus qu’elle ne soutient.
Le vélo reste le grand oublié du mandat de Pascal Charmot.
Pour la prochaine mandature, l’enjeu est clair : sortir d’une vision centrée sur la voiture et construire enfin une ville apaisée, sûre et agréable à vivre, où le vélo trouve toute sa place.
Avis aux futurs candidats et candidates aux élections municipales à Tassin !

