En 2022, Villeurbanne est encore une ville dont l’espace public est saturé de voitures plus ou moins bien garées. Cet article propose quelques clés d’explication et des demandes à la municipalité, au nom de l’association de cyclistes La Ville à Vélo (demandes qui font aussi l’objet d’un courrier adressé au maire de la ville de Villeurbanne). Nos demandes vont au-delà du simple confort des cyclistes ou de leur sécurité. Une voiture mal garée ou en stationnement abusif dégrade l’espace public de la ville.
Comment la ville de Villeurbanne présente le stationnement automobile à ses habitants ?
Sur le site internet de la ville, on parle du stationnement ici.
Le « stationnement résidentiel » désigne les zones de stationnement payant, mises en place depuis 2012. Ces zones couvrent environ 1/4 de la surface de la ville. Les résidents, à raison d’une voiture par ménage, peuvent stationner à l’année pour un coût forfaitaire de 150 €. Pour les usagers occasionnels, un tarif horaire est défini et la durée maximum autorisée est de 2h30. Gratuité après 19h, dimanche et mois d’août. Le forfait post-stationnement – c’est le nom sympa de l’amende – est de 32 €.
Le site ne mentionne aucune règle particulière pour stationner sur le reste du territoire de la ville, soit plus des 3/4 des rues. Aucune alerte n’est donnée concernant le « stationnement abusif » dont la durée au même endroit est de plus de 7 jours selon l’ Article R417-12 du code de la route. D’après la police municipale, à Villeurbanne, ce serait 24 h maximum, depuis un arrêté datant de 1960. Le site n’en parle pas. Pourtant à un autre endroit, le site de la ville permet de signaler des véhicules épaves, mais là encore aucune indication pratique n’est donnée pour qualifier une épave, par exemple regarder les dates des attestations d’assurance ou de contrôle technique.
Le site ne mentionne pas non plus les amendes :
- en cas de stationnement non payé sur un parking payant ;
- en cas d’arrêt ou de stationnement gênant ou très gênant par exemple sur une bande cyclable.
Il faut ouvrir un guide datant de 2018 pour avoir une brève à ce sujet.
Dans ce guide, datant de la précédente mandature, l’édito du maire de l’époque pourrait probablement être repris aujourd’hui ? Comment s’y opposer ?
« Mieux partager l’espace public pour une ville plus apaisée
Parce que la voiture a sa place mais pas toute la place, la politique de stationnement à Villeurbanne poursuit son évolution. Depuis plusieurs années, nous agissons pour que l’espace public soit mieux partagé. Notre volonté est d’apaiser la ville avec plus de pistes cyclables, plus de cheminements piétons et toujours plus de nature.
Tel était en 2012 l’un des objectifs de la mise en place du stationnement payant, de la création du tarif résident et du déploiement d’actions de lutte contre le stationnement sauvage. La redevance dont s’acquitteront désormais les automobilistes ne payant pas ou dépassant leur temps de stationnement permettra une meilleure rotation des véhicules.
En ce sens, elle est aussi une mesure incitative invitant chacun à trouver sa juste place dans l’espace public. L’amélioration du cadre de vie doit être l’affaire de tous. »
En 2022, à l’échelle d’une ville de la taille de Villeurbanne, 10 ans après l’introduction du stationnement payant résidentiel sur une partie de la ville, on ne peut que constater le déficit d’information et de pédagogie sur ce sujet pourtant très sensible pour la qualité de l’espace public.
Aucune donnée grand public ou de synthèse n’est disponible sur :
- le nombre de places de parking payantes sur voirie à Villeurbanne (et son évolution) ;
- le nombre de places de parking gratuites, avec emplacement désigné, sur voirie à Villeurbanne (et son évolution) ;
- ce que le stationnement payant rapporte à la ville ;
- ce que les amendes rapportent à l’État et à la ville ;
- les moyens déployés par la police municipale sur ces questions de stationnement ;
- le nombre d’épaves retirées par année et envoyées à la « fourrière » rue Geoffray, et son évolution depuis plusieurs années ; etc.
Dans un article consacré à l’action de la police municipale, le magazine Viva d’avril 2021 nous apprenait que 14 000 verbalisations de stationnement gênant ou très gênant avaient été dressées en 2020, soit 38 par jour. Comment ce chiffre évolue-t-il ? Comment se compare-t-il à d’autres villes ? Quels sont les secteurs les plus régulièrement suivis ?
Constats de La Ville à Vélo
Nous, cyclistes, constatons ces derniers mois d’innombrables infractions d’arrêt et stationnement très gênant, en particulier sur les bandes cyclables, ou à cheval entre le trottoir et la voirie. Le véhicule mal garé gêne la visibilité des autres usagers, y compris des piétons qui traversent, ce qui accroît le risque d’une collision. Des accidents graves, dont certains mortels, sont à déplorer dans cette configuration. Le Tribunal de Strasbourg a estimé qu’un automobiliste mal garé était tout aussi responsable du décès d’une cycliste tuée en le contournant que le chauffeur de poids-lourd qui l’a percutée, et l’a condamné à la même peine.
A Villeurbanne, l’un des cas les plus flagrants se passe rue Colin, où l’on compte jusque plus de 10 voitures garées sur les 2 bandes cyclables de chaque côté de la rue. Des voitures se garent plusieurs heures voire plusieurs jours à l’angle de carrefours de rues secondaires, de façon récurrente (ex : angle rue Yvonne et Alexis Perroncel) et sans aucun signe visible de verbalisation.
Villeurbanne a obtenu la note G, la plus basse, dans la catégorie « Effort de la ville » concernant la fréquence des stationnements sur les itinéraires cyclables au dernier Baromètre des villes cyclables (2021) de la Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB). Cette mauvaise évaluation fait baisser la note globale obtenue par la ville.
De façon plus anecdotique, c’est la vidéo d’un véhicule mal garé à Villeurbanne qui a remporté le concours du GCUM d’Or organisé par La Ville à Vélo sur les réseaux sociaux.
Les attentes de l’association
La Ville à Vélo Villeurbanne demande :
- un état des lieux complet du nombre de places de stationnement sur voirie, en zone résidentielle payante d’une part, et dans le reste de la ville d’autre part ;
- une campagne d’information incluant la refonte des pages actuelles « Mon stationnement » du site internet de la ville et plus largement de communiquer sur la dangerosité du stationnement illégal sur les infrastructures cyclables et de mettre en avant les bonnes pratiques ;
- d’ouvrir publiquement l’accès aux données de verbalisations et vidéo-verbalisations ;
- une fiche pratique « épaves » pour aider l’habitant à les détecter et les signaler ;
- l’étude de la verbalisation par lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI).